« Si manant sur terre, seigneur sur l’eau, je suis »

En regardant la carte du Berry, on distingue plusieurs régions : le Pays Fort, le Sancerrois, la Champagne, la Brenne. Mais il en est une à la bordure est de notre province que beaucoup de gens oublient. C’est le Val de Loire.
Et pourtant l’histoire de ce fleuve est une partie intégrante de notre folklore et de nos traditions.

Trois ports : Marseilles-Les-Aubigny, St Thibault, Châtillon sur Loire, se trouvent sur la rive berrichonne (ou mar) et huit autres sont situés sur la rive droite (ou « galarne ») ; Il y a 28 ports sur le parcours de la Loire.
Cette grande densité de ports dans notre région, témoigne de l’intense activité fluviale qui se développa en bordure du Berry.

A cette époque les bateaux sont légers à fond plat, quelquefois munis d’une voile. On trouve des chalands, des gabares, des futeaux, des sapines, des berrichons destinés à naviguer sur la Loire et canaux du Berry et latéral à La Loire. Les embarcations de Loire avaient une « piautre » comme gouvernail.

Le transit s’effectue à Marseilles-les-Aubigny. Les marchandises transportées sont très diverses : nourriture, tissus (draps de Bourges et d’Issoudun), matériaux de constructions, du bois, des poteries. Des passagers peuvent embarquer sur ces bateaux. Un service régulier est établi et des hôtelleries s’ouvrent pour accueillir les voyageurs.

La circulation se fait dans les deux sens. Elle est beaucoup plus importante dans la descente. La vitesse est beaucoup plus faible pour les bateaux remontant le courant.
La navigation sur la Loire a commencé sous l’Antiquité. César installa son antenne d’approvisionnement en grains à Genabum (Orléans). Les nautae ligerici (mariniers de Loire) formaient une corporation puissante de Nantes à Chalons sur Saône, qui deviendra la première formation syndicale au XIV^e siècle.
Ils s’occupaient également du transbordement des marchandises par terre entre Saône et Loire et réglaient les problèmes de péages, d’écluses et de naufrages.
Les seigneurs riverains entretenaient les portions de fleuve qu’ils gouvernaient et en contre partie percevaient un péage versé par les mariniers.
Au XVIII^e siècle, la Loire n’est plus entretenue, le lit s’obstrue, les sables s’amoncellent.

Les bateliers sont des colosses au langage cru. Leurs jurons sont grossiers. Ils portent tous un surnom et porte un anneau en or à l’oreille comme les pirates de la mer.
Les mariniers sont d’excellents chanteurs. Leur patron est St Nicolas fêté le 6 décembre. Jean Baffier décrit une des ces fêtes corporatives à Cuffy :
« Les confréries des mariniers défilaient précédés de leur bannière et de leur bâton ». A cette fête, assistaient de nombreux mariniers de Loire, mais aussi de l’Yèvre et de l’Auron, de Vierzon et de Bourges.

Pendant des siècles le Berry fut dépendant de ce moyen de transport. Vers la fin du XIX^e siècle, la marine de Loire, ne pouvant plus rivaliser avec d’autres moyens de transport, s’éteindra lentement malgré l’arrivée des « inexplosibles ».

G. CLÉMENT
Union Berrichonne du Loiret