La biguine est une danse née aux Antilles françaises, datant probablement d’avant la fin de la période esclavagiste, présente et connue lors de l’émancipation des esclaves en 1848. Les écoles de musique aux Etats-Unis l’ont rapidement adoptée, ce qui permet de dire aujourd’hui qu’elle peut être l’ancêtre du jazz. Le nom de la biguine viendrait pour certains auteurs du verbe embéguiner.
La biguine possède de nombreux traits communs avec le jazz de la Nouvelle Orléans, et a pu influencer son développement. Ceci explique qu’à leur arrivée à Paris, de nombreux musiciens antillais tels Ernest Léardée, Robert Mavounzy, Al Lirvat, Emilien Antile ont intégré sans la moindre difficulté le jazz à leur répertoire, musique jouée au même titre que la biguine dans les « bals nègres » de l’époque.
![]() Al Lirvat
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![]() Emilien Antile
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![]() Ernest Léardée
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![]() Robert Mavounzy
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À l’inverse, le clarinettiste martiniquais Alexandre Stellio (1885-1939), qui popularisa la biguine à Paris de 1929 à 1939, fut un farouche défenseur de la pure biguine traditionnelle telle qu’on la jouait à Saint-Pierre et resta un inconditionnel de ce répertoire.

La biguine suscita un grand engouement en France dans les années 1930, surtout lors de l’Exposition Coloniale Internationale de 1931, puis des années 1940 à 1960 ; la période de l’occupation ayant été peu propice à l’expression des artistes antillais.
L’apogée survient lorsque Cole Porter, grand compositeur de jazz et, coutumier de la vie parisienne, l’honore de l’air aujourd’hui universellement connu : Biguin The Biguine qui n’est d’ailleurs pas un rythme de biguine mais un rythme de jazz.
Cependant, sa popularité décline pendant les années 1970, avec l’arrivée des rythmes cubains et surtout haïtiens dont la cadence rampa et le compas.
De nos jours, la biguine n’a plus la même renommée hors des Antilles françaises, mais elle continue d’être un style honoré voire prestigieux dans celles-ci. Dans une société en perpétuel mouvement culturel, de nombreux artistes l’actualisent en lui apportant de nouvelles sonorités. Néanmoins, elle reste souvent interprétée, en particulier dans les bals, comme elle l’était à son âge d’or.
